Fatigue
15 Oct 2019 - NororePour ceux qui me suivent et me connaissent, vous savez que je fais partie des bénévoles qui organisent le festival Pas Sage En Seine. Pour les autres, vous êtes maintenant informés.
Petit billet sur mon retour d’expérience, qui retrace un peu les coulisses, sans forcément m’étendre sur certains détails et le pourquoi du choix de ce titre. Cette diatribe sera sans doute un peu, voire beaucoup, décousue, je m’en excuse.
Le festival
Le festival Pas Sage En seine est un rendez-vous annuel dans la région parisienne depuis 10 ans. Il a eu lieu pour la quatrième année consécutive, du 27 au 30 Juin 2019, à la médiathèque Louis Aragon de Choisy-le-Roi, avec le soutien indéfectible de la mairie et du personnel de la médiathèque.
Comme chaque année, il a été riche en conférences, en ateliers et en stands d’associations. Lieu incontournable du milieu geek au départ, il a toujours eu pour vocation à amener les citoyens à se réapproprier la société, le numérique étant essentiellement là en tant qu’outil, comme point de départ pour réapprendre à bidouiller (hacker) le système.
L’association
Afin de faciliter l’organisation du festival, et pour gérer au mieux la partie administrative et les impondérables de ce type d’événement, l’association White Rabbit PSES a été fondée pour répondre à ces besoins.
L’association n’a pas d’autre but que d’avoir une structure minimale avec un ou des bénévoles représentants le bureau. C’est ce bureau qui a à cœur de gérer les dépenses et les recettes du festival. L’association n’a pas pour but de générer de l’argent, mais de s’assurer que les dépenses pourront être couvertes a minima par les recettes afin d’avoir assez d’économies de côté pour régler les fournisseurs à la fin du festival mais également de pouvoir envisager un prochain festival. Parce que ça coûte quand même un peu de sous, même si aucun des membres du bureau n’est rémunéré pour cette activité.
Le bureau
Comme déjà écrit, le bureau n’existe que pour des besoins administratifs et potentiellement juridiques. C’est également le bureau qui est en contact avec la ville de Choisy-le-Roi qui nous prête gracieusement sa médiathèque et ses membres du personnel, qui sont rémunérés en conséquence (surcharge horaire, présence le soir, le week-end et le dimanche…). La cellule de communication de la ville est également de la partie pour les visuels des t-shirts et hoodies mais également la diffusion des affiches et d’articles dans le journal de la ville.
Sans l’aide de la mairie, les dépenses de location de salle seraient faramineuses, sans compter le coût du réseau pour la diffusion en live stream des ateliers et conférences ! Et n’oublions pas de préciser que la médiathèque est accessible aux handicapés, ce qui est encore, malheureusement, un luxe !
Les bénévoles
Outre le ou les membres du bureau, l’association peut compter sur l’aide de personnes se proposant pour donner un coup de main. Aider à prendre contact avec les food trucks, filer un coup de main sur l’infrastructure du site web, jouer les community manager, répartir les tâches entre les bénévoles, contacter les associations qui pourraient être intéressées par la démarche du festival, prévoir tout un tas de petites choses auxquelles on ne pense pas forcément…
Cette année, vous avez été nombreux pour nous aider avant, pendant et après le festival. Je vous en remercie grandement ! C’est votre festival, et vous avez assuré comme des chefs. Je pense que vous pouvez être fiers de vous !
Le public
Dans le public, je vais prendre en compte les visiteurs et visiteuses, les conférenciers et conférencières (conférence et atelier inclus), mais également les bénévoles des associations qui sont venus tenir un stand.
C’est aussi pour vous et grâce à vous que nous avons la volonté et l’énergie de faire en sorte que tout se passe le mieux possible ! Certes la perfection n’existe pas, mais c’est grâce à vous que nous pouvons apprendre et évoluer. J’espère que nous n’aurons pas commis trop d’erreurs et que nous saurons tirer une leçon de nos déconvenues.
C’est vous qui faites que Pas Sage En Seine existe et est ce festival que nous aimons et que nous cherchons à faire aimer à d’autres personnes. C’est grâce à vous que des gens apprennent à découvrir d’autres personnes, d’autres associations, d’autres luttes, que ce soit parce qu’elles se sont déplacées ou parce qu’elles peuvent suivre l’événement depuis leur salon ou leur bureau.
Merci !
Je vous présente toutes mes excuses si le festival n’a pas répondu à toutes vos attentes ou espérances, mais j’espère néanmoins vous revoir un jour pour échanger autour d’un verre.
L’organisation
Afin de pallier au plus d’imprévus possibles, l’organisation se met en branle le plus tôt possible. Cette année, elle a commencé dès le mois de Janvier. Pour cela, il y a le traditionnel appel à contribution, où un gentil lapin multicolore sort de son terrier pour jeter une bouteille à la mer et croiser les pattes en espérant avoir des gens motivés pour donner un coup de main. Nous avons un Mattermost, sur lequel se passe l’ensemble des communications internes, avec différents canaux pour les différents pôles à organiser :
- communication ;
- nourriture ;
- goodies ;
- graphisme ;
- logistique ;
- régie ;
- site.
Chaque bénévole est libre de participer à l’un des pôles, ou à aucun. La seule chose qui est attendue c’est que la personne qui se porte volontaire assume cette responsabilité et qu’elle n’ait pas peur de demander de l’aide si elle se sent débordée ou de passer le relais si elle ne se sent plus les épaules de le gérer.
Nous sommes toujours contents d’avoir des bénévoles pour prendre sur leur temps libre pour nous aider, aussi il n’y a pas de souci à nous dire que vous ne voulez ou ne pouvez plus aider. Nous ne mordons pas et nous comprenons parfaitement :-) ! Merci à tous les bénévoles passés, présents et à venir, votre temps est précieux, aussi soyez milles fois remerciés de nous en avoir réservé une partie !
Chaque bénévole est libre dans sa tâche. Aussi, ne soyez pas surpris si un membre du bureau ne vous tanne pas pour avancer, nous partons du principe que vous êtes grands et que vous saurez nous tenir informés en temps voulu ! Nous avons pleinement conscience que toutes ces micro-tâches prennent du temps pour la simple et bonne raison que nous aussi nous avons nos propres tâches, en plus des rendez-vous avec la mairie et la médiathèque pour planifier le jour J.
Vous voulez être bénévole mais seulement sur la durée du festival ou même la moitié ? Bienvenue à bord !
Post-festival
Après le festival, le dernier soir, il y a l’incontournable séance de rangement des tables, des chaises et des étagères de documents, la médiathèque rouvrant le mardi et le personnel ayant bien mérité son lundi de repos ! Aussi, nous remercions chaleureusement les personnes du public qui acceptent de se prêter au jeu. Vous êtes des bénévoles formidables !
Une fois rentrés chez nous, n’allez pas croire que nous passons tous à autre chose. Loin de là ! Il nous faut encore :
- contacter les fournisseurs pour qu’ils viennent récupérer les produits laissés en dépôt-vente ;
- payer les fournisseurs ;
- ramener le matériel vidéo et audio généreusement prêté par Octopuce (merci vincib !) ;
- encoder les vidéos et les mettre en ligne ;
- prendre rendez-vous avec la mairie et la médiathèque pour faire le point.
Et l’encodage de vidéos, ça prend du temps, beaucoup de temps, surtout sans une machine dédiée. Cette année, nous n’avons que trop traîné pour les mettre en ligne, croyez bien que nous faisons tout notre possible pour les mettre en ligne le plus rapidement que possible !
Gérer l’ingérable
Cette partie sera sans nulle doute la moins réjouissante de ce billet bilan. Parce que tout n’est malheureusement pas rose dans ce genre d’événement.
Il y a tout d’abord la partie humaine à prendre en compte, et ça, c’est clairement un point sur lequel je pêche tout particulièrement. Je ne suis pas quelqu’un d’hyper sociable, je dois parfois faire des efforts démesurés (sans rires !) pour réussir à communiquer, même derrière un écran. En plus de ça, j’ai le mauvais goût de cumuler les frustrations sans rien dire, jusqu’au moment où ça déborde et où j’explose de différentes manières : colère, crise de larmes, panique, abattement…
Aussi, quand on me tait des choses et que l’on nous demande le vendredi à 16h si on peut traverser tout Paris pour aller chercher 5 caisses de boissons le lendemain à partir de 15h alors que je pensais passer un week-end tranquille, je tique un peu.
Quand le festival se prend des attaques sur, a priori, des faits qui sont reprochés depuis des années alors que toute l’orga a complètement changé et cherche à s’ouvrir au plus de monde possible, pour sortir du milieu geek, j’ai mal. Je souffre. Je me demande ce qu’il se passe et je ne comprends pas. Ça me ronge, j’essaie de comprendre chaque position, et je me fais encore plus mal que les premières salves. Et je sombre, me demandant si, finalement, tout cela en vaut bien la peine… J’en fais des insomnies, des pertes d’appétit (ceux qui me connaissent savent que j’ai un bon coup de fourchette), je n’ai plus goût à rien. Je veux juste que tout s’arrête ! Et reprendre ma vie normale, même si j’ai l’impression d’être au pied du mur avec une chape de plomb sur les épaules.
Et toutes ces incompréhensions me ramènent à un passé que j’aurai aimé oublier, mes cauchemars et mes angoisses scolaires en ayant profité pour remonter en surface.
Et après ?
Il est prévu que le festival revienne l’année prochaine à Choisy-le-Roi. L’organisation va bientôt reprendre. Je continue de panser mes plaies en essayant de garder en tête tous les visages souriants de cette fin du mois de Juin, tous les remerciements que nous avons reçus, tous les échanges, nombreux et riches, avec des personnes de tous horizons et de toute la France. Mais malgré tous ces points et ces aspects positifs, je garde un goût amer en bouche. Est-ce que je serai toujours bénévole pour l’année 2020 ?
Je suis fatigué·e.
(Article commencé le 2 Septembre.)